Rodolphe Anty, professeur des universités et praticien hospitalier au CHU de Nice, partage avec nous ses observations sur la NASH, un véritable fléau qui touche actuellement près de 5% de la population mondiale et qui ne cesse de prendre de l’ampleur (1 personne sur 4 à risque dans le monde). Fort d’une grande expérience dans l’étude de cette affection, il nous apporte des éclairages sur son mode d’action , son développement, ses conséquences pour notre santé et aborde également les avancées de la recherche médicale concernant la NASH.
Happy Capital : Pourriez-vous nous expliquer le lien existant entre la NASH et vous ?
Professeur Anty : Je réalise des activités d’enseignement et de soins dans le domaine des maladies du foie ainsi qu’une recherche clinique et translationnelle dans le domaine des stéatoses du foie dont la NASH est l’entité la plus connue. Je suis membre de l’équipe 8 INSERM au sein de l’unité U 1065 du C3M, à Nice. L’équipe est spécialisée dans la recherche de marqueurs et de mécanismes moléculaires associés à l’apparition et à l’aggravation de la NASH chez l’homme et dans des modèles murins et in vitro. J’ai également été investigateur associé local d’une dizaine d’essais thérapeutiques internationaux évaluant de nouvelles molécules dans ce domaine.
Happy Capital : Qu’est-ce que la NASH ?
Professeur Anty : La NASH (acronyme anglais de Non-Alcoholic SteatoHepatitis) est l’entité inflammatoire et à risque évolutif au cours des stéatoses hépatiques (appelées en anglais Non-Alcoholic Fatty Liver Disease ou NAFLD) liées au surpoids ou à l’obésité. Une stéatose hépatique signifie que le foie est gorgé de graisses. Cet engorgement graisseux est le plus souvent associé à un excès de tissu gras, en particulier lorsque celui est localisé sur le ventre. La stéatose hépatique simple, qui est bénigne le plus souvent, peut se compliquer dès l’apparition d’une NASH (association engorgement graisseux + inflammation du foie). La présence d’une NASH peut elle-même se compliquer dès l’apparition d’une fibrose hépatique dont le stade culminant est l’apparition d’une cirrhose du foie. La fibrose hépatique est un processus cicatriciel dont l’aggravation régulière peut mener à l’apparition d’une cirrhose. La présence d’une cirrhose peut elle-même se compliquer dès l’apparition d’une altération de la fonction du foie aboutissant à un cancer primitif du foie. Les différents stades de la NAFLD apparaissent en quelques dizaines d’années. On estime qu’en France environ 10 millions de personnes présenteraient une maladie du foie gras liée au surpoids à l’obésité et/ou au diabète. Parmi ceux-ci, 80 % présenterait une stéatose pure semblant dans la majorité des cas bénignes et 20 % présenterait une NASH. La fréquence des stéatoses hépatiques est liée à l’épidémie d’obésité présente à travers le monde.
Cette entité a été découverte formellement au début des années 80 par des médecins anatomo-pathologistes américains qui ont constaté la présence de lésions du foie ressemblant à celles observées au cours des maladies du foie liées à une prise excessive de boisson alcoolique, alors que les patients touchés étaient totalement sobres, d’où le terme “Non-Alcoholic fatty liver disease”.
Les estimations suggèrent une augmentation de la fréquence des stéatoses hépatiques, dont la NASH, dans les années qui viennent compte tenu de la dynamique de l’obésité.
Happy Capital : Quel est le mode d’action de la maladie ?
Professeur Anty : Cette maladie est liée d’une part à des facteurs génétiques mais également et principalement environnementaux. Cette maladie est favorisée par la résistance à l’insuline et à l’inflammation associée à l’augmentation du tissu gras. Certains patients vont en effet présenter, au cours d’un surpoids ou d’une obésité, une augmentation du tissu adipeux qui peut être altéré dans sa fonction. Cette altération fonctionnelle peut également apparâitre au niveau du système musculaire. Le microbiome intestinal (ensemble des microorganismes et leurs produits de synthèse, présents dans l’intestin humain) est également impliqué dans l’apparition et l’aggravation de ces maladies hépatiques. Différentes altérations des graisses et des cellules inflammatoires présentes dans le foie ont été mises en évidence. La compréhension des différents mécanismes cellulaires et moléculaires impliqués dans cette maladie fait l’objet d’une recherche intense depuis 20 ans.
Happy Capital : Quels en sont les symptômes ?
Professeur Anty : Les symptômes de la maladie sont généralement faibles. Le foie en lui-même ne donne généralement pas de signes spécifiques. Il s’agit plutôt d’une maladie silencieuse qui va être découverte fortuitement à l’occasion d’une perturbation du bilan biologique hépatique fait à l’occasion d’une évaluation globale de la santé et/ou lors de la vision d’un foie « gras » (i.e. stéatosique) lors d’une échographie abdominale le plus souvent faite pour un autre motif. Les patients décrivent parfois une sensibilité de la partie supérieure droite de l’abdomen en regard du foie ainsi qu’une asthénie.
Happy Capital : Comment la diagnostique-t-on ?
Professeur Anty : Le diagnostic de la maladie repose à l’heure actuelle sur un faisceau d’arguments essentiellement liés à la découverte d’un foie « gras » à l’échographie abdominale avec la présence de facteurs favorisant des anomalies métaboliques tels qu’une obésité, une élévation du sucre dans le sang, une anomalie du bilan des lipides sanguins, une élévation de la pression artérielle. Les patients avec un diabète sont particulièrement à risque d’avoir une stéatose hépatique.
Happy Capital : Existe-t-il des traitements disponibles et si oui, sont-ils efficaces ?
Professeur Anty : A l’heure actuelle il n’existe aucun traitement médicamenteux validé pour cette maladie. La prise en charge repose essentiellement sur l’application des mesures hygiéno-diététiques qui comprennent l’amélioration des apports alimentaires au long cours en visant un régime de type méditerranéen par exemple. Il faut également préconiser une augmentation de l’activité physique et une lutte contre la sédentarité (temps passé, éveillé, en position assise ou allongée). Ces éléments s’inscrivent dans la nécessité de devoir envisager un changement du mode de vie à long terme. La motivation du patient est particulièrement importante à obtenir à l’issue des consultations successives. La prise en charge avec différents professionnels dont une diététicienne, un moniteur d’activité physique adaptée voire une psychologue peut être particulièrement intéressante.
Happy Capital : Qu’est-ce qui rend difficile un traitement contre la maladie
Professeur Anty : Il s’agit de l’archétype d’une maladie chronique (comme l’obésité qui en est un des moteurs d’apparition). Il n’existe pas de traitement médicamenteux validé à l’heure actuelle. Les stéatoses hépatiques, dont la NASH, sont des pathologies complexes faisant intervenir différentes anomalies internes propres à chaque patient (gènes et microbiome intestinal) et différents facteurs environnementaux apparus progressivement au cours de la vie du patient. Le changement du mode de vie du patient, principal axe de soin actuel, nécessite des efforts importants et réguliers et des soins personnalisés.
Happy Capital : Où en est la recherche à l’heure actuelle ?
Professeur Anty : La recherche clinique actuelle est très active dans le développement de nouveaux agents médicamenteux qui sont pour l’instant développés pour des patients qui ont les formes les plus sévères de la maladie à savoir une NASH avec fibrose voire une cirrhose. L’association de 2 ou plusieurs molécules pourrait être intéressante. Certains médicaments utilisés dans le traitement du diabète de type 2 sont un espoir important et sont en cours d’évaluation dans des essais internationaux. Il existe d’autres molécules en cours d’évaluation qui interagissent au niveau de différents axes notamment l’axe foie-intestin et l’axe foie-tissu adipeux.
Happy Capital : Que pensez-vous des tests de Diagnostic de DIAFIR ?
Professeur Anty : La recherche internationale est très active dans le développement d’outils permettant de diagnostiquer la NASH. Si les outils évaluant de façon non invasive la fibrose hépatique par tests sériques ou tests physiques ont connu un large essor ces dernières années, le diagnostic de la NASH reste un besoin non satisfait. Il existe donc un intérêt particulier pour couvrir ce besoin. La technologie de diagnostic à l’aide du spectre moyen infrarouge développée par Diafir est un outil qui pourrait devenir utile au clinicien
Happy Capital : En quoi ces derniers répondent-ils à un réel besoin actuellement ?
Professeur Anty : La caractérisation d’une NASH chez des patients à risques peut permettre de renforcer la motivation des patients à un changement de mode de vie, ou, à terme, à l’introduction d’un ou plusieurs traitements médicamenteux. Cet outil diagnostic serait utilisé en complément de ceux déjà présents, notamment pour évaluer la fibrose hépatique.
Happy Capital : Pensez-vous qu’ils seront positivement accueillis par le corps médical ? et qu’en est-il pour les patients ?
Professeur Anty : Le corps médical est en attente de développement d’outils non invasifs pour le diagnostic de la Nash et de ses formes avancées. Il y a en effet un grand nombre de patients exposés avoir une stéatose hépatique. L’identification des patients les plus à risque améliorerait la prise en charge individuelle. Cela en augmentant la motivation du patient pour le changement de son mode de vie et en guidant le médecin dans une prise en charge globale et hépatique du patient à risque.
Happy Capital : Existent-ils des concurrents sérieux pou DIAFIR à votre connaissance ?
Différents modèles sériques ou examens physiques pour le diagnostic de la Nash ont été publiés cependant aucun n’a été validé de façon indépendante et robuste. Différents tests évaluant la fibrose ou la NASH fibrosante existent à l’heure actuelle. Il reste un besoin à combler pour le diagnostic de la NASH et de la NASH fibrosante à l’aide d’outils simples permettant une évaluation répétée dans le temps.
Happy Capital : Un petit mot sur l’équipe derrière ce projet ?
L’équipe de Diafir est investie depuis de nombreuses années dans la recherche innovante de nouveaux marqueurs diagnostic. La technologie spectrale connaît différentes applications dans différents diagnostics notamment dans le domaine de l’infection du liquide synovial. Le développement de la technologie Diafir est porté par une équipe soudée et spécialisée dans l’élaboration d’algorithmes de l’analyse spectrale, un gage de qualité pour ce projet.
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